Présentation et chronologie

Polygonale est un réseau scientifique informel porté par un collectif transdisciplinaire de recherche et pédagogie mettant en relation depuis une quinzaine d’années des enseignants, chercheurs, praticiens, qui exercent le plus souvent en écoles d’architecture (Paris Val de Seine, Normandie, Saint-Etienne, Nantes) et dans des laboratoires dédiés (Evcau, Ate-Normandie, Grf Transformations), ou dans d’autres établissements d’enseignement supérieur (dont l’Ens Saclay).

La journée d’études « Qu’est-ce que le contemporain ? », à l’Ensa Normandie,  en avril 2004 aura constitué, par ses modes d’élaboration (échanges de recherches et pratiques, transdisciplinarité) et de contenu, et du fait de la parution en 2007 d’un ouvrage éponyme formant « actes », le manifeste proactif du réseau informel de recherche inter-écoles dénommé Polygonale qui sera bientôt car monté et abondé à géométrie variable en au gré des collaborations avec des entre collègues de recherche issus des écoles d’architecture de Normandie, Bretagne, Lille, Nantes et Paris-Val de Seine, St Etienne ou Grenoble.
A compter de cet événement initial, quatorze sessions de Polygonale ont vu le jour, dans chacune des années qui ont suivi.
Les participants à cette démarche – dont sont partie prenante les étudiants des groupes encadrés annuellement par les enseignants concernés – se réunissent lors de rencontres où sont exposés des travaux de recherche renvoyant à des croisements réfléchis, des objets complexes mais aussi à une certaine spontanéité des échanges ; l’objectif étant, à l’issue d’une phase de programmation conjointe, de débattre le temps d’une rencontre annuelle de productions en cours d’élaboration.

En 2007 et 2008 les deux premières sessions se sont tenues à arc-en-rêve à Bordeaux. En 2009 la rencontre a eu lieu à l’Ensa Nantes sur son nouveau site (Lacaton & Vassal arch.). Polygonale s’est tenue en 2010 à l’Epfl Lausanne, à l’ouverture du Learning Center (Sanaa arch.). En 2011 la session s’est déroulée à l’Ensa Bretagne, en recevant architectes (J. Perraud, N. Concordet), philosophe (Y. Michaud) et cinéaste (V. Dieutre). En 2012 Polygonale se penchait à Lille sur les travaux de B. Stiegler. En 2013 elle était abritée à Anvers par la structure expérimentale art/architecture de Nathalie Wolberg, puis accueillie à Bruxelles par l’atelier L’Escaut en 2014, pour y réfléchir le phénomène du travail collaboratif. La session de 2015 était hébergée par le Gerphau (Ensa Paris La Villette), aux abords de la nouvelle Philharmonie de Paris (Nouvel arch.). En 2016 s’amorçait à la Belle de mai à Marseille (Poitevin, Bouchain arch.) un cycle sur les pratiques du commun (avec les collectifs Yes we camp, ex-Exyzt, BazarUrbain, L’Escaut). En 2017 cette réflexion s’est poursuivie à l’Ensa Grenoble, avec le concours du Cresson, sur les milieux du commun. En 2018 nous étions à St Etienne, à l’affiche de Commun/Communs. En 2019, sur le plateau de Millevaches, parmi les expériences de foresterie raisonnée, en poursuivant l’ouverture stéphanoise sur Commun n’est pas collectif.
Certaines communications ont donné lieu à éditions – dont Comment le contemporain ? (recension de la rencontre rennaise de 2011), ou Qu’est-ce que le contemporain ? (édition Ensa Normandie) – en amont de l’existence de Polygonale, au titre d’une sorte de manifeste rétroactif – ou encore Commun formel-Communs diffus (session St Etienne de 2018).

Depuis 2016 et la Polygonale 10 nous avons ouvert un cycle de réflexion sur la question du commun dans lequel le réseau est à ce jour toujours engagé.

Après ce retour rapide sur l’histoire de la Polygonale, voici l’occasion de revenir sur chacune des rencontres annuelles et ses particularités.

Polygonale 15 – Formes et imaginaires du commun

Dunkerque, Esa Nord Pas de Calais, mai 2021, coordination Ensas (Paris Val de Seine, Normandie, Saint-Etienne, Nantes)
Pour la deuxième année consécutive la Polygonale prend ses quartiers à Dunkerque, pour une rencontre de visu. Elle débute par un échange entre/avec les acteurs du territoire Anne Rivollet (Esa Nord Pas de Calais), Patrick Le Bellec (En Rue), Kerren Detton (Frac Grand Large) et Julie Calnibalosky (association Vigs, Observatoire des villes du transport gratuit, Agur). Ce temps rappelle le faisceau d’actualités urbaines et architecturales, d’enjeux politiques qui approchent le commun ou l’interrogent en ville et qui nous avaient poussé à placer notre focus à Dunkerque déjà en 2019-2020.
Ensuite, la présentation de travaux d’étudiants portant sur Dunkerque : Ensa Saint-Etienne projet le long du GR 20, Ensa Paris Val de Seine une enquête-fiction sur les traces du Baron Noir et toujours à l’Ensa Paris Val de Seine projet sur le môle 1 du Port, est complétée par des arpentages, visites et rencontres (Frac Grand Large, port de Dunkerque, Bib, site En Rue, jeu de piste). Le territoire de la carte et de la fiction à distance est confronté à celui en présence.
Enfin la table longue de l’Esa du Nord Pas de Calais accueille les retours d’expérience sur cette rencontre de trois jours.

Polygonale 14 – Architectures du commun

Dunkerque en visio, mai 2020, coordination E.Doutriaux, C.Menezes Ferreira
La situation sanitaire aura contraint cette édition Polygonale à une rencontre en visio. Sur un temps cours, une demi-journée, les étudiants du séminaire Constellations – Architecture du commun ont présenté les quatre axes de travail choisis pour appréhender l’actualité urbaine, politique et architecturale du territoire dunkerquois : politique de la gratuité, politique de l’hospitalité à Grande-Synthe, politique de l’émancipation citoyenne à travers l’expérience du collectif En Rue, et déploiement des communs de la connaissance par la Bib et ses balises.
Des acteurs du territoire étaient présents pour échanger avec les étudiants sur leurs travaux.

Polygonale 13 – Commun n’est pas collectif

Nedde, Plateau de Millevaches, mai 2019, coordination D.Dehais, E.Doutriaux
Sans idéaliser le tableau économique du présent, il apparaît que notre contemporain met désormais aux prises des formes collaboratives contrastées, antagonistes même – promouvant pourtant toutes dans les faits l’éclatement de la notion de collectif. Dont les unes, les plus puissantes, iraient chercher du côté de l’économie de la co-production collaborative (en économisant sur la main d’œuvre interne) – là où guette le syndrome de l’ubérisation économique et sociale. Tandis que d’autres, à leur marge, mais peut-être aussi en leur sein – complexité des pratiques, difficulté à identifier des modèles « purs », hybridation des formes –, renouvelleraient l’expérience de « vrais » communs davantage équilibrés (Dujarier). Soient deux états, complémentaires et entrelacés, d’un capitalisme post-tayloriste et digital, et de communs citoyens de la connaissance surgis sur son dos (l’un profitant de l’autre, tels autant d’épiphytes).
Polygonale 13 s’est proposé de déplacer nos investigations passées, depuis les territoires de l’urbain – Marseille, Grenoble, Saint-Etienne – vers les milieux d’une ruralité active réinvestie par les actions citoyennes. Tel ce plateau de Millevaches où se font jour, face à la puissance de la sylviculture industrielle, et à l’économie de prédation dans laquelle elle s’inscrit, les pratiques d’un forestage raisonné, ménageant l’écosystème, en une conception écologique (protection des sols, coupes sélectives) et économique de la ressource (un réseau de production du bois d’œuvre associant groupements et techniciens forestiers de petite taille, bûcheronnage, scieries et filières de construction).
Avec le concours de contributeurs de 4 écoles d’architecture (Saint-Etienne, Paris Val de Seine, Normandie, Nantes), de l’Université de Nice Sophia-Antipolis, des laboratoires Evcau, Ate Normandie, Grf Transformations, de coopératives de production ou de conseil, et d’architectes, artistes, cinéastes, sociologues, juristes, forestiers, comédiens – d’enseignants, chercheurs, doctorants, étudiants.

Polygonale 12 – Commun / Communs

Ensa Saint-Etienne, Grf Transformations, Saint-Etienne, mai 2018, coordination D.Dehais, E.Doutriaux, M.Clément
Polygonale 12 s’est interrogée sur les différentes formes juridiques et des modèles culturels du commun.
Ainsi des conceptions d’ascendances socio-économique (Ostrom, Coriat et agli) ou radicalement politique (Hardt & Negri, Dardot & Laval). Où se jouent des acceptions divergentes de la question de la propriété, selon qu’elle apparaît, ou non, compatible avec le commun. Dans ces différences, se lisent aussi d’une part l’exclusivisme du droit romain, et d’autre part l’inclusivité de la common law. En ces différences s’énoncent opposition et complémentarité entre le singulier d’un principe théorique auquel accrocher le manifeste (et le projet) du commun – et le pluriel d’agencements aussi variés que se vivent les expériences des communs.
Ici est testée l’idée selon laquelle la réalité de ces expériences gravite entre plusieurs formes : aux côtés de communs déclaratifs (revendiqués par leurs acteurs et/ou reconnus par les institutions, telles les entreprises de l’économie sociale et solidaire) et éruptifs (formes d’appropriation « collectives » sur le terrain de l’action militante) se jouerait l’existence de communs diffus ou relatifs (communalisant une ressource, générant de la relation et/ou esquissant du projet, avant que ne prévale un quelconque motif de gouvernance).
Avec le concours de contributeurs de 4 écoles d’architecture (Saint-Etienne, Paris Val de Seine, Normandie, Grenoble), de l’Esaa Annecy, de l’Ens Paris-Saclay, des laboratoires Evcau, Ate Normandie, Grf Transformations, Cresson et d’architectes, artistes, sociologues, juristes, designers, historiens, comédiens.

Polygonale 11 – Milieux / Commun

Ensa Grenoble, Grenoble, mai 2017, coordination D.Dehais, E.Doutriaux, A.Lefebvre, E.Mortamais
Polygonale 11 s’est interrogée sur les milieux du commun – dans l’acception polysémique de ces notions : milieux vivants, milieux anthropisés, milieux machiniques ; communs juridiques, économiques, politiques – et les controverses scientifiques et militantes qu’ils recouvrent aujourd’hui (Nuit debout, Grands voisins, Darwin, jardins partagés, habitat participatif… : en seraient-ils ? si non, pourquoi ? si oui, dans quelle mesure ?).
Avec le concours de contributeurs et analystes (architectes, agriculteurs, universitaires) de l’économie du commun, et de chercheurs sur les ambiances (équipe du Cresson).

Polygonale 10 – Commun / Comment

Friche de la Belle de mai, Marseille, mai 2016, coordination E.Doutriaux, D.Dehais, A.Lefebvre, E.Mortamais.
Nous assistons et/ou participons aujourd’hui à quantité d’initiatives qui s’efforcent par le concret de situations locales, et le détail de pratiques collaboratives, à envisager des formes variables de commun. L’horizon du commun est lié à une « démocratisation » des outils de la conception/fabrication et de la connaissance. Marginales encore au regard de l’économie générale, ces formes de production permettent néanmoins de ré-envisager les modalités du comment. Autour de ces enjeux, la Polygonale 10 a confronté des expériences de formation, de production (conception/fabrication) et d’organisation dans les mondes du design, de l’architecture, de l’urbain, des écologies de la connaissance et de la production, en accueillant diverses formations de travail, dont : 4 collectifs d’architecture et artistiques Atelier L’Escaut (Bruxelles), BazarUrbain (Grenoble/Paris), Exyzt (Montpellier/Paris), Yes we camp (Marseille/Paris) sur la question du commun, des pratiques et structures collaboratives.

Polygonale 9 – Le design, l’architecture et l’éclat à la Philharmonie de Paris

Ensa Paris La Villette, Gerphau, Paris, mai 2015, coordination E.Doutriaux, D.Dehais, E.Mortamais
Emettons l’hypothèse que toute expérience d’un objet, d’un bâtiment, a une résonance avec notre dernière lecture, notre préoccupation en cours ; qu’il la ou les dérange, ou qu’il la ou les conforte. Comment s’effectue cette rencontre ? Comment pouvons-nous en rendre compte ? Que nous dit-elle de nous-mêmes comme « chercheurs », de notre clarté d’analyse, de notre rigueur, de notre capacité à ouvrir, bifurquer, ou englober, éviter ?
L’actualité de la livraison de la Philharmonie est apparue comme une opportunité pour questionner le design à nouveaux frais : sur le luxe, l’iconique, la métropolisation, la politique et sur ce que l’architecture paraît lui devoir.

Polygonale 8 – Villes, réseaux, fictions, …

Atelier L’Escaut, Bruxelles, mars 2014, coordination E.Doutriaux, D.Dehais, E.Mortamais
Villes, en tant que métropoles, ou métropolisation ; réseaux tant matériels, qu’immatériels, fictions en tant qu’embrayage de la recherche… Les villes ont des dimensions invisibles puissantes qui les dessinent : celles des réseaux qui les ordonnent et les font vivre, celles des flux qui les innervent… Une tension féconde prévaut entre les enjeux de la difficile gouvernance des situations contemporaines de la métropolisation (praxis du quotidien), et le gisement projectuel des « recherches-fictions ».

Polygonale 7 – Anvers

Atelier Wolberg, Anvers, avril 2013, coordination E.Doutriaux, D.Dehais et E.Mortamais
« P7 » s’en est tenue à ces quelques guidelines devenus pour nous des classiques : Contemporanéité et temporalité, Dispositif et valeur du processus, Topologique comme système de relations non spatiales et modalités non hiérarchisées de production de connaissance et de création. 

Polygonale 6 – Lille

Ensap Lille, Lille, mars 2012, coordination F.Vermandel et JC.Gérard
En 2012 se tenait à l’école d’architecture et de paysage de Lille, à l’initiative de Frank Vermandel et Jean-Christophe Gérard, la 6ème de nos Polygonales, autour de la production de Bernard Stiegler ; les artistes Romain Bricout et Samuel Bianchini étant à cette occasion invités à présenter l’écho que l’œuvre du philosophe rencontre dans leur travail, tandis qu’une visite du Louvre-Lens en chantier nous menait à nouveau sur les brisées de Sanaa.

Polygonale 5 – Rennes

Ensa Bretagne, Rennes, mars 2011, coordination D.Dehais et E.Doutriaux
L’édition Polygonale 2011 a été accueillie par l’école d’architecture de Bretagne, à Rennes. Cela nous semblait être l’occasion dans un contexte de production architectural peut-être moins spectaculaire qu’à Bordeaux, Nantes, ou en Suisse, de valoriser le sens du diffus : ne pouvait-on considérer cette autre situation locale comme étant propice à l’émergence d’une production ordinaire, voire « mineure » (cf Deleuze), qui ne serait  pas moins significative du contemporain ? Cela nous a conduit – grâce au concours du Braup – à inviter des producteurs ou penseurs qui questionnent de manière atypique la création : un Julien Perraud et la question, précisément, du mode « mineur » en architecture ; une Nicole Concordet, associée de Patrick Bouchain, sur la fabrication du projet à travers les enjeux de la participation ; un réalisateur comme Vincent Dieutre, dont le travail permet de donner au contemporain un sens qui excède celui de l’actuel ; un philosophe comme Yves Michaud avançant sur les terrains de « l’art à l’état gazeux », voyant à « l’art comme expérience » se substituer « l’expérience comme art ». Cette session rennaise a donné lieu à une publication, Comment le contemporain ?,(ed. Ensa de Normandie, avec Ensa Bretagne, Lille et Paris-Val de Seine).

Polygonale 4 – Lausanne

Epfl, Lausanne, mars 2010, coordination E.Doutriaux et C.Leclerc
Avec le déplacement à Lausanne, quelques jours, une fois encore, après la mise en service du bâtiment – « essuyer les plâtres », telle pourrait être une de nos façons d’être – la réalisation toute récente du Learning center de Sanaa mettait à nouveau et différemment à jour, au cœur d’un domaine d’enseignement supérieur, les questions sur la forme à donner à de telles entreprises, sur l’indétermination relative des programmes, sur la polysémie de ce monospace à usage public, sur la manière dont aujourd’hui une communauté peut trouver à s’incarner.

Polygonale 3 – Nantes

Ensa Nantes, Nantes, mars 2009, coordination F.Andrieux
Cette connivence, la rencontre à Nantes, quinze jours après la livraison du bâtiment de l’école d’architecture (Lacaton et Vassal de nouveau) aura contribué à la développer de façon assez manifeste, par l’entremise de François Andrieux, en mettant en contact des pistes de recherche avec le réel d’une expérience en cours : rencontres avec le maître d’usage et directeur Philippe Bataille, avec le promoteur de l’observatoire de l’urbain Laurent Dewisme (Laua), avec le photographe Philippe Ruault, tandis que quantité de travaux d’étudiants, et de contributions d’enseignants, praticiens et ou chercheurs interrogeaient ce travail (Xavier Fouquet sur le « faire société », Ghislain His sur la poétique du nuage, Frank Vermandel et Emmanuel Doutriaux à propos de la pensée sauvage).

Polygonale 2 – Bordeaux 2

Arc en rêve, Bordeaux, mai 2008, coordination E.Doutriaux et C.Leclerc
« Bordeaux 2 » énonça peut-être quelque chose de plus significatif pour nous, au sens où le choix de la visite de la maison Latapie, due aux Lacaton et Vassal, aura contribué à cristalliser comme un « esprit de groupe », tant les processus de projet mis en œuvre par ces derniers auront trouvé un retentissement parmi nous. Ainsi de la « sagacité accidentelle » (ou sérendipité) dont résulte une esthétique de la non forme, articulation placide d’une économie de la surface maximale, d’une climatique des échanges d’air et d’une mise en disponibilité non déterministe.

Polygonale 1 – Contemporanéité et temporalités

Arc en rêve, Bordeaux, mai 2007, coordination E.Doutriaux et F.Vermandel
Rencontre liée aux Cahiers thématiques n°7 « contemporanéité et temporalités », Lacth/EnsapL (2007). « Bordeaux 1 », cela aura été la visite de la maison Lemoine de Rem Koolhaas, en écho à la problématique du dispositif telle qu’adaptée par Alain Guiheux, et au moment où une autre forme de célébration la questionnait bientôt de manière plus ironique (Koolhaas houselife, par Ila Bêka et Louise Lemoine, Bêkafilms, 2008).